Arts : Mucha, un artiste à l’âge de l’industrie

Test Acount Mardi 11 Décembre 2018-17:37:24 Culture
Arts : Mucha, un artiste à l’âge de l’industrie
Arts : Mucha, un artiste à l’âge de l’industrie

Le musée du Luxembourg à Paris présente une centaine de pièces – affiches, peintures, photos – à cette figure de l’Art nouveau, selon le Monde. Alphonse Mucha (1860-1939) est l’un des imagiers les plus célèbres de son temps. Plusieurs de ses affiches sont devenues des icônes et, pour une fois, le terme est juste puisque l’artiste se réclamait de l’art byzantin. Son exposition au musée du Luxembourg à Paris a donc le succès attendu. Elle dispose une centaine de pièces dans une scénographie à arcades genre basilique : ses affiches des plus connues au moins illustres, ses peintures à ambition mystico-humaniste et son cycle L’Epopée slave qui l’a occupé plus de vingt ans, jusqu’à son achèvement en 1928. Cet ensemble monumental de scènes historiques et religieuses difficilement déplaçable est présenté sous forme de film. S’ajoutent des photographies de lui-même, de ses amis et de ses modèles dans l’atelier.

Mais la première décennie de sa carrière est absente. Mucha, fils d’un huissier morave, se fait remarquer pour ses dessins dès la fin des années 1870. Il travaille chez un décorateur de théâtre à Vienne de 1879 à 1881 et regarde alors de près les tableaux d’histoire de Hans Makart (1840-1884), dont il s’est souvenu dans son Epopée slave. A partir de 1882, son savoir faire est assez connu pour qu’il vive de portraits et de commandes décoratives dans des châteaux.

Il ne vient à Paris qu’en 1887, élève à l’Académie Julian puis à l’Académie Colarossi, où enseignent des gloires académiques, dont Raphaël Collin (1850-1916). Or ce dernier préfigure dans plusieurs de ses œuvres le style de Mucha. De cela, les visiteurs du Luxembourg ne sauront rien. La première œuvre qu’ils découvrent est l’affiche pour Sarah Bernhardt dans le rôle de Gismonda, dessinée en décembre 1894, parue le 1er janvier 1895 et aussitôt célèbre, comme si Mucha était né ce jour-là.

Si ces éléments de biographie et de contexte ont été omis afin de le faire passer pour un génie qui aurait tout trouvé en lui-même, on doit rappeler que procéder ainsi n’est pas d’une grande rigueur. Il ne l’est pas plus de ne rien montrer de l’Art Nouveau, qui commence vers 1890 et dont Beardsley, Van Rysselberghe, les Britanniques du mouvement Arts & Crafts, les Catalans – dont Gaudi – et bien d’autres (Horta, Guimard etc.) sont les inventeurs. Il aurait fallu quelques dessins d’architecture de Bruxelles ou Barcelone ou quelques gravures de Beardsley pour indiquer qu’un mouvement international, nommé Art Nouveau en France, se diffuse depuis une demi-douzaine d’années en Europe quand Mucha s’y inscrit à son tour. Avec dextérité, il en reprend à son compte les lignes sinueuses, la prolifération des motifs végétaux et floraux, les plis et les chevelures en longues boucles qui sont, en 1894, déjà des figures de style répandues.

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